Compte-rendu de la 1\u00e8re<\/sup> \u00e9dition des rencontres de TIERS LIEU NOMADE<\/strong><\/h1>\nLe caf\u00e9 associatif Kamu nous accueille pour notre premier \u00e9v\u00e9nement Tiers Lieu Nomade qui entend m\u00ealer r\u00e9flexion, partages d\u2019exp\u00e9riences et moment musical et convivial. Nous accueillons les participants avec du vin chaud, du sirop de gingembre et de bissap pr\u00e9par\u00e9s par Hubert et Patricia<\/em><\/strong>.<\/p>\n\u00a0![\"\"](\"http:\/\/tierslieunomade.net\/wp-content\/uploads\/2018\/04\/affiche_Tiers_lieu_nomade_grand1-212x300-212x300.png\")
<\/em><\/strong><\/p>\nChristine Bala\u00ef introduit la rencontre et la th\u00e9matique de l\u2019apr\u00e8s-midi autour de deux approches, la ville inclusive et les tiers lieux, tout en pr\u00e9sentant le projet Tiers Lieu Nomade.<\/em><\/strong><\/p>\nLa ville inclusive<\/strong><\/p>\nFace aux probl\u00e8mes auxquels sont confront\u00e9es les villes en France et dans le monde\u00a0: concentration de la population dans les villes, croissance des in\u00e9galit\u00e9s et de la pauvret\u00e9, enjeux environnementaux, tensions li\u00e9es aux migrations, la ville est confront\u00e9e \u00e0 de nouveaux d\u00e9fis. La notion de ville inclusive entre dans l\u2019agenda des politiques publiques urbaines. Voir le colloque international r\u00e9cent organis\u00e9 par la mairie de Paris \u00ab\u00a0Cities for life\u00a0\u00bb et l\u2019appel lanc\u00e9 par la Ville pour une ville inclusive.<\/p>\n
Qu\u2019est-ce que pourrait signifier une ville inclusive\u00a0?<\/strong><\/p>\n\n- Une ville favorisant le vivre ensemble<\/li>\n
- Une ville juste, \u00e9quitable, passerelle vers les opportunit\u00e9s \u00e9conomiques<\/li>\n
- Une ville qui respecte son environnement<\/li>\n
- Une ville encourageant l\u2019inclusion d\u00e9mocratique de ses citoyens<\/li>\n<\/ul>\n
Les Tiers Lieux<\/strong><\/p>\nComment les tiers lieux peuvent contribuer \u00e0 un d\u00e9veloppement solidaire des villes\u00a0?<\/strong><\/p>\nLes tiers lieux, en facilitant la rencontre, le partage, l\u2019innovation, en mutualisant des ressources, et en prenant davantage en compte l\u2019humain et le contexte environnemental, offrent des espaces pertinents de solidarit\u00e9, de cr\u00e9ation de valeur et de d\u00e9veloppement local. <\/strong><\/p>\n\u00ab Introduit en 1989 par le sociologue Am\u00e9ricain Ray Oldenburg pour d\u00e9signer de nouveaux lieux, interm\u00e9diaires entre le domicile et le travail et adapt\u00e9s \u00e0 un style de vie urbain, individualis\u00e9 et mobile, la notion de tiers lieu s\u2019est d\u00e9velopp\u00e9e dans le monde entier. Tiers-lieux.be le d\u00e9finit simplement comme un \u00ab espace physique pr\u00e9vu pour accueillir une communaut\u00e9 afin de permettre \u00e0 celle-ci de partager librement ressources, comp\u00e9tences et savoirs \u00bb. Espace de coworking, fablab, Hackerspace, jardins partag\u00e9s et autres habitats partag\u00e9s ou entreprise ouverte, chaque tiers lieu a sa sp\u00e9cificit\u00e9, son fonctionnement, mais tous entendent favoriser la cr\u00e9ativit\u00e9, l\u2019initiative et le partage.<\/em><\/p>\nChristine Bala\u00ef r\u00e9fl\u00e9chit \u00e0 la notion de Tiers Lieu depuis 10 ans, d\u2019abord en mati\u00e8re familiale, avec la notion de \u00ab\u00a0Maison des familles et des cultures\u00a0\u00bb, reprise par une chercheuse italienne dans un ouvrage publi\u00e9 \u00e0 l\u2019Harmattan, ensuite au CNAM, dans le cadre d\u2019une \u00e9tude sur \u00ab\u00a0les pratiques culturelles \u00e0 Paris 2030\u00a0\u00bb. A cette occasion, elle a \u00e9crit un article sur les Tiers Lieux, qui a circul\u00e9 sur internet et reste encore d\u2019actualit\u00e9 aujourd\u2019hui. Depuis, elle a observ\u00e9 et exp\u00e9riment\u00e9 diff\u00e9rents types de Tiers Lieux : un Tiers Lieu P\u00f4le Relais \u00e0 Creil en lien avec un IUT(qui n\u2019a finalement pas vu le jour), un lieu alternatif et d\u2019h\u00e9bergement d\u2019urgence localis\u00e9 dans un squat \u00e0 Clichy-la-Garenne (aujourd\u2019hui ferm\u00e9), un fablab de Montreuil, des espaces de coworking ou incubateur \u00e0 Paris\u2026<\/p>\n
Aujourd\u2019hui, l\u2019association Le Famillien, dont elle est pr\u00e9sidente, engage avec l\u2019association \u00e9v\u00e9nementielle et artistique Eventiparis, port\u00e9s par Hubert Locco Rocca et Patricia Petelet, le projet Tiers Lieu Nomade. Celui-ci vise \u00e0 cr\u00e9er des \u00e9v\u00e8nements mensuels dans diff\u00e9rents lieux, sur des th\u00e9matiques diff\u00e9rentes, mais incluant des pr\u00e9occupations sociales. Plus que de simples \u00e9v\u00e8nements \u2013 qui se pr\u00e9sentent sous forme de r\u00e9flexions, ateliers, avec une dimension artistique et conviviale \u2013 les \u00e9v\u00e8nements Tiers Lieu Nomades s\u2019inspirent de la dynamique des tiers lieux. Ils entendent mobiliser des acteurs, favoriser \u00a0une d\u00e9marche collaborative et de recherche-action pour susciter des dynamiques de changement dans la dur\u00e9e.<\/p>\n
Hugues Bazin du LISRA, et Nacera Taleb de Formateurs Solidaires, approfondissent chacun leur tour la r\u00e9flexion, enrichissant ainsi le d\u00e9bat men\u00e9 avec les participants.<\/em><\/strong><\/p>\nHugues Bazin, chercheur-acteur, responsable du Laboratoire de recherche action, LISRA<\/strong><\/p>\nLa recherche Action met le savoir au service d\u2019une d\u00e9marche citoyenne.<\/p>\n
Hugues Bazin souligne qu\u2019en recherche action, plut\u00f4t que de tiers lieu, on parlera davantage de tiers espace, de laboratoire social, qui ne sont pas obligatoirement li\u00e9s \u00a0\u00e0 un lieu mais peuvent \u00eatre\u00a0 localis\u00e9s n\u2019importe o\u00f9. \u00a0Beaucoup de lieux ne se disent pas tiers lieux, n\u2019ont pas envie de l\u2019\u00eatre, m\u00eame si le sont. Et inversement, ce n\u2019est pas parce qu\u2019on investit un espace qu\u2019on change ses habitudes. La recherche-action permet de changer ses habitudes.<\/p>\n
Hugues Bazin<\/strong> accompagne le collectif \u00ab\u00a0Rue Marchande\u00a0\u00bb qui r\u00e9unit les r\u00e9cup\u00e9rateurs-vendeurs, biffins, dans une d\u00e9marche de recherche-action.<\/p>\nOn assiste \u00e0 une explosion des r\u00e9cup\u00e9rateurs vendeurs, avec le d\u00e9veloppement de march\u00e9s localis\u00e9s \u00a0dans les principales art\u00e8res accol\u00e9s aux march\u00e9s populaires. Sur un march\u00e9 biffin, 36 langues se c\u00f4toient, mais les gens se comprennent. Un \u00e9cosyst\u00e8me fonctionne, mais on ne sait pas comment il fonctionne. La situation se cr\u00e9e d\u2019elle-m\u00eame. Une logique collective et d\u2019\u00e9co-d\u00e9veloppement est \u00e0 l\u2019oeuvre. Ces march\u00e9s biffins sont des tiers lieux. Le collectif Rues Marchandes travaille aussi avec des camps de Roms. Les Roms soufrent une double peine (li\u00e9e \u00e0 leur statut de pauvre et de rom), alors qu\u2019ils ne cherchent qu\u2019\u00e0 s\u2019int\u00e9grer.<\/p>\n
Il n\u2019existe pas d\u2019\u00e9tude d\u2019impact aujourd\u2019hui concernant le fonctionnement de ces march\u00e9s. Mais les march\u00e9s biffins sont devenus un terrain d\u2019investigation, les \u00e9conomistes y am\u00e8nent leurs comp\u00e9tences. Qu\u2019est-ce que pourrait \u00eatre une rue marchande\u00a0? Une nouvelle \u00e9conomie populaire\u00a0? On ne sait pas la traiter alors qu\u2019elle a toujours exist\u00e9. Comment articuler une \u00e9conomie populaire et une \u00e9conomie locale\u00a0? Les villes ne sont pas pr\u00eates \u00e0 accueillir des rues marchandes. Elles ont peur de voir arriver des pauvres chez eux. Comment la ville peut \u00eatre un \u00e9cosyst\u00e8me, comment ce c\u00f4t\u00e9 marchand peut r\u00e9int\u00e9grer les quartiers dans la ville\u00a0?<\/p>\n
Les foyers Aurore et l\u2019association des biffins AMELIOR (Association des March\u00e9s Economiques Locaux Individuels et Organis\u00e9s de la R\u00e9cup\u00e9ration) ont cr\u00e9\u00e9 un march\u00e9 solidaire, une fa\u00e7on de r\u00e9int\u00e9grer les biffins et de montrer que cela fonctionne. En parall\u00e8le, un travail est r\u00e9alis\u00e9 avec des artistes, qui contribuent \u00e0 rendre visible et \u00e0 produire de la connaissance sur ces processus. Il s\u2019agit de montrer que c\u2019est de l\u2019entreprenariat.<\/p>\n
Mathieu Morange, groupe La Poste<\/strong>\u00a0: la loi sur l\u2019ESS permet de r\u00e9int\u00e9grer des march\u00e9s \u00e9conomiques \u00e9mergents. Une SCOP pourrait peut-\u00eatre investir dans ce domaine.<\/p>\nHugues Bazin<\/strong>\u00a0: ce n\u2019est pas parce qu\u2019il existe une loi qu\u2019il y a une volont\u00e9 politique. Le collectif rue Marchande a interpell\u00e9 la Plaine commune. Les biffins interviennent \u00e0 la jonction de l\u2019\u00e9conomique, de l\u2019urbain et du social, mais il n\u2019existe pas d\u2019espace reconnu pour les biffins. Comment cr\u00e9er un espace pour que ces march\u00e9s puissent \u00eatre r\u00e9int\u00e9gr\u00e9s\u00a0? Comment articuler \u00e9conomie formelle et informelle, comment faire pour que ces march\u00e9s soient reconnus ? C\u2019est aussi une mani\u00e8re d\u2019accompagner les nouveaux migrants, de travailler avec les Roms. Tout le monde n\u2019a pas besoin d\u2019un statut. Certains n\u2019ont pas envie d\u2019\u00eatre salari\u00e9s, ce sont plut\u00f4t des entrepreneurs individuels.<\/p>\nNacera\u00a0Taleb, \u00e9conomiste, fondatrice de l\u2019association Formateurs Solidaires<\/strong><\/p>\nA travers tout ce qui a \u00e9t\u00e9 dit, on trouve de nouveaux paradigmes \u00e0 l\u2019\u0153uvre. L\u2019esprit collaboratif appartient \u00e0 un paradigme r\u00e9cent correspondant \u00e0 une r\u00e9volution des m\u0153urs, scientifique et culturelle. Nacera Taleb retient 5 paradigmes \u00e0 l\u2019\u0153uvre\u00a0aujourd\u2019hui\u00a0:<\/p>\n
1) Le lien<\/strong>\u00a0: premier paradigme commun \u00e0 toutes ces \u00e9volutions. Un d\u00e9nominateur commun se retrouve qui concerne la\u00a0 nature du lien, que ce soit avec les objets, avec soi, avec le syst\u00e8me.<\/p>\n2) La segmentation.<\/strong> \u00a0La segmentation traditionnelle est aujourd\u2019hui questionn\u00e9e\u00a0: segmentation des relations, des savoirs, des espaces\u2026. \u00a0Les espaces familiaux, li\u00e9s au travail, ne sont plus suffisants. Repensons des espaces permettant de nouvelles formes de liens. La notion de tiers lieu se situe dans cette interrogation.<\/p>\n3) Id\u00e9e de sens.<\/strong> Le point commun \u00e0 toutes ces innovations, c\u2019est qu\u2019elles interrogent le sens de nos actions. Avant la morale portait la qu\u00eate de sens. Aujourd\u2019hui on parle davantage d\u2019\u00e9thique, de valeur.<\/p>\n4) Le pouvoir d\u2019agir.<\/strong> L\u2019ensemble de ces initiatives expriment la volont\u00e9 de se r\u00e9approprier le pouvoir d\u2019agir et de s\u2019approprier son destin.<\/p>\n5) L\u2019innovation<\/strong>. C\u2019est aussi un point commun \u00e0 l\u2019ensemble de ces initiatives qui offrent de v\u00e9ritables opportunit\u00e9s historiques. Ce\u00a0 sont ces espaces qui vont cr\u00e9er l\u2019\u00e9conomie du futur.<\/p>\nToutes ces innovations interrogent, parce qu\u2019elles sont les solutions de demain, mais elles inqui\u00e8tent en m\u00eame temps. Il est important de prendre conscience que des choses finissent et que d\u2019autres naissent. L\u2019enjeu est de savoir comment traiter ces r\u00e9sistances de fa\u00e7on collaborative.<\/p>\n
Quelles perspectives\u00a0aujourd\u2019hui\u00a0?<\/strong><\/p>\nLe d\u00e9veloppement personnel est \u00e0 la mode aujourd\u2019hui. Mais il faut aller plus loin que le d\u00e9veloppement personnel et \u00e9voquer une relation aux savoirs, \u00a0Les \u00e9mergences \u00e9conomiques sont le reflet d\u2019une r\u00e9volution \u00e9conomique mondiale. Leur origine\u00a0: la r\u00e9volution scientifique. L\u2019\u00e9conomie alternative est une facette de cette \u00e9volution de paradigme global, li\u00e9e \u00e0 une r\u00e9volution scientifique, qui se passe en douceur. Quelque chose se passe en profondeur, au-del\u00e0 des bouleversements actuels.<\/p>\n
Il s\u2019agit d\u2019une perspective historique commenc\u00e9e dans le temps de l\u2019humanit\u00e9, il y a 30 ans. Pour le comprendre il faut partir des mod\u00e8les \u00e9conomiques. Trois principes fondamentaux qui sous-tendent les mod\u00e8les \u00e9conomiques lib\u00e9raux sont remis en cause\u00a0aujourd\u2019hui :<\/p>\n
\n- L\u2019homo-\u00e9conomicus\u00a0: les besoins humains limit\u00e9s \u00e0 la satisfaction dans la consommation<\/li>\n
- Les int\u00e9r\u00eats individuels priment. La somme des int\u00e9r\u00eats individuels est \u00e9gale \u00e0 l\u2019int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral<\/li>\n
- Le principe de la main invisible.<\/li>\n<\/ul>\n
Ces principes sont faux d\u2019un point de vue scientifique. La somme des particules ne permet pas de comprendre la nature du tout. De m\u00eame la soci\u00e9t\u00e9 n\u2019est pas la somme des particularit\u00e9s. Les besoins humains sont plus larges\u00a0: \u00e9motionnels, spirituels\u2026 L\u2019homme est un tout fait de plusieurs parties. Il faut\u00a0 reconna\u00eetre ces diff\u00e9rents besoins, faire collaborer ces diff\u00e9rentes parties. L\u2019important\u00a0ce sont les relations entres les parties, la fa\u00e7on dont on construit ces relations.<\/p>\n
Autre notion fondamentale\u00a0le changement\u00a0: la nature est en perp\u00e9tuel changement. Le changement est toujours en cours. Les choses ne sont jamais fig\u00e9es. On peut choisir le changement.<\/p>\n
Mathieu Morange, groupe La Poste<\/strong> : retient la notion de transversalit\u00e9 comme facteur d\u2019une \u00e9mergence collective. La r\u00e9volution douce lui para\u00eet une r\u00e9alit\u00e9 qui appara\u00eet dans l\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire. L\u2019ESS repose sur \u00a0une volont\u00e9 de cocr\u00e9er. On retrouve cette volont\u00e9 de collaboration entre des acteurs diff\u00e9rents dans des lieux d\u2019occupation temporaire comme Les Gransds Voisins, ou dans des incubateurs sociaux comme BeeOtop, qui permettent de faire \u00e9merger de l\u2019innovation.<\/p>\nDanielle\u00a0Pailler, <\/strong>qui est engag\u00e9e dans des projets \u00e9conomiques et culturels au Maroc s\u2019appuyant sur une d\u00e9marche de recherche-action rebondit sur la question de la mise en relation. Comment favorise-t-on la mise en lien entre diff\u00e9rentes ressources\u00a0? Comment cr\u00e9e-t-on des synergies autour d\u2019objectifs partag\u00e9s\u00a0? C\u2019est lorsqu\u2019il existe un sens partag\u00e9 que des collaborations peuvent na\u00eetre, associant des citoyens dans la dur\u00e9e. On peut cr\u00e9er un espace de connaissances partag\u00e9es autour de probl\u00e9matiques, de choses qui ne fonctionnent pas. Sans m\u00eame des financements, on peut apporter ainsi beaucoup d\u2019efficacit\u00e9 \u00e0 l\u2019action qui en d\u00e9coule.<\/p>\nHugues Bazin<\/strong>: la violence intervient quand il n\u2019y a plus de sens\u00a0; le conflit est positif car il permet de d\u00e9gager du sens. Comment mettre en \u0153uvre, articuler des contre-pouvoirs dans le processus de transformation\u00a0? A partir de contre-espaces de type Notre-dame-des-Landes, s\u2019exp\u00e9rimente une autre \u00e9conomie, ces zones conflictuelles oeuvrent dans le sens d\u2019un changement \u00e9conomique. La logique productiviste n\u2019est pas tr\u00e8s d\u00e9mocratique. Les lieux d\u2019accueil pour les startups comme Remix ne sont pas connect\u00e9s avec les probl\u00e9matiques territoriales, on reste dans l\u2019entre-soi, et les startups sont souvent r\u00e9cup\u00e9r\u00e9es.<\/p>\nNac\u00e9ra Taleb\u00a0:<\/strong> On est dans une r\u00e9volution douce\u00a0: de nouveaux paradigmes sont l\u00e0. Mais on ne sait pas encore quelle forme prendra le changement. Les Tiers lieux sont un espace o\u00f9 l\u2019expression peut se croiser.<\/p>\nLes pr\u00e9sentations s\u2019encha\u00eenent jusqu\u2019\u00e0 l\u2019heure du repas au fur et \u00e0 mesure de l\u2019arriv\u00e9e de nouveaux intervenants.<\/em><\/strong><\/p>\nJ\u00e9r\u00f4me Lhote, Fondateur de Koom pr\u00e9sente le d\u00e9fi de l\u2019entreprise en faveur de la mobilit\u00e9 engag\u00e9 sur Clichy-la-Garenne en pr\u00e9sence de l\u2019\u00e9lu ESS de la ville Julien Bouchet.<\/strong><\/p>\nKoom est une plateforme de crowdacting, \u00e0 savoir d\u2019action collective, qui a pour but de mobiliser des personnes sur une action solidaire de proximit\u00e9. Cette mobilisation d\u00e9clenche en retour la contribution d\u2019une ville ou d\u2019une entreprise au service de cette action. Koom a \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9 en vue de casser la spirale du fatalisme et de renforcer la confiance des gens dans leur capacit\u00e9 d\u2019agir pour faire face \u00e0 un certain nombre d\u2019enjeux de soci\u00e9t\u00e9.\u00a0 L\u2019entreprise est h\u00e9berg\u00e9e dans l\u2019incubateur social de Clichy-la Garenne et fait partie du Mouv, le Mouvement des entrepreneurs sociaux.<\/p>\n
J\u00e9r\u00f4me Lhote pr\u00e9sente la campagne de mobilisation de Koom autour de la mobilit\u00e9 sur Clichy-La-Garenne. Celle-ci vise \u00e0 mobiliser 200 habitants pour qu\u2019ils se d\u00e9placent en v\u00e9lo, une campagne qui, men\u00e9e \u00e0 terme, devait entra\u00eener le versement par la ville de 500 euros \u00e0 l\u2019association de r\u00e9paration de cycles, Solicyle.\u00a0 Ce soir l\u00e0, 147 personnes \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 mobilis\u00e9es sur les 200 attendues. Koom \u00e9voque aussi la possibilit\u00e9 de lancer un nouveau d\u00e9fi aupr\u00e8s d\u2019une autre Mairie ou d\u2019une entreprise comme D\u00e9catlon ou Go Sport. Dans le cadre d\u2019un partenariat avec ENDF, elle fait du porte-\u00e0-porte pour que les gens s\u2019engagent sur l\u2019\u00e9nergie nouvelle en Ile-de-France.<\/p>\n
Tony Kopera, Pr\u00e9sident de FARE : la \u00ab\u00a0F\u00e9der\u2019Action des R\u00eaves \u00c9volutionnaires\u00a0\u00bb, pr\u00e9sente l\u2019activit\u00e9 et les projets en faveur des plus d\u00e9munis.<\/strong><\/p>\nBeaucoup d\u2019entre nous connaissent d\u00e9j\u00e0 Tony, r\u00eaveur et activiste militant, pratiquant l\u2019h\u00e9bergement d\u2019urgence dans des lieux de fortune pour les plus d\u00e9munis, avec qui il n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 partager le toit et la nourriture qu\u2019il r\u00e9cup\u00e8re et redistribue \u00e0 des SDF, r\u00e9fugi\u00e9s et familles. Tony invente aussi des concepts\u00a0de nouveaux lieux alternatifs\u00a0: Maisons des alternatives et du partage (MAP), H\u00e9bergement Alternatif d\u2019Urgence (HAU), Centre \u00c9cologique Participatif (CEP)\u2026 et f\u00e9d\u00e8re autour de lui \u00e9nergie et bonnes volont\u00e9s. Si Tony a du confronter ses r\u00eaves de changement \u00e0 la dure r\u00e9alit\u00e9 (pr\u00e9carit\u00e9 des squats, difficult\u00e9 de travailler avec des personnes en grande difficult\u00e9, manque de r\u00e9alisme gestionnaire\u2026), notre \u00ab\u00a0Abb\u00e9 Pierre\u00a0\u00bb pers\u00e9v\u00e8re envers et contre tout, afin de faire d\u00e9boucher ses projets g\u00e9n\u00e9reux.<\/p>\n
Apr\u00e8s des activit\u00e9s principalement consacr\u00e9es \u00e0 l\u2019h\u00e9bergement d\u2019urgence en 2016, la r\u00e9cup\u00e9ration de nourriture et des activit\u00e9s artistiques et \u00e9v\u00e9nementielles, l\u2019association FARE s\u2019efforce de passer un cap. Avec notamment de nouveaux membres qui entrent dans l\u2019association, des activit\u00e9s de r\u00e9quisition de locaux qui vont \u00eatre s\u00e9par\u00e9es des autres activit\u00e9s de l\u2019association, un projet communautaire plus structur\u00e9 sur Saint-Denis, le soutien d\u2019actions \u00e0 l\u2019international\u2026<\/p>\n
Des projets \u00e0 l\u2019international pr\u00e9sent\u00e9s par Abdula\u00ef Danso, groupe Danso, et Nestor GOMA, ONG Horizon <\/strong><\/p>\nComment r\u00e9pondre au r\u00e9chauffement climatique et \u00e0 l\u2019exode massif des populations, en mettant en \u0153uvre des solutions locales, s\u2019appuyant sur les nouvelles technologies, et notamment de nouvelles g\u00e9n\u00e9rations de satellites num\u00e9riques, pour trouver de nouvelles voies de d\u00e9veloppement, plus respectueuses de l\u2019humain et des valeurs de la vie sur la terre. Telle est l\u2019ambition d\u2019Abdula\u00ef Danso, inventeur afro-am\u00e9ricain, \u00e0 travers ses inventions brevet\u00e9es en France et aux USA, notamment le programme RETT, R\u00e9seau Espace pour le Temps de Travail, syst\u00e8me r\u00e9gional de relocalisation de l\u2019\u00e9conomie et de cr\u00e9ation d\u2019emplois durables, ou encore le programme Space Territory, BFM association\u00a0: Business Plan BFR, d\u2019autofinancement durable pour les associations.<\/p>\n
Il part notamment du constat suivant\u00a0: il y a un si\u00e8cle, 90 % de la population mondiale occupait un statut d\u2019entrepreneur ind\u00e9pendant. Seulement 10 % de la population travaillait pour d\u2019autres organismes (entreprises ou administrations). Cent ans plus tard, la tendance s\u2019est invers\u00e9e, 90 % de la population active travaille pour un tiers et seulement 10 % sont des op\u00e9rateurs \u00e9conomiques autonomes travaillant sur leur terre d\u2019origine. Abdulai Danso entend inverser cette tendance et l\u2019exode massif de la population en appuyant strat\u00e9giquement et financi\u00e8rement des programmes de d\u00e9veloppement rural et d\u2019emploi durable \u00e0 grande \u00e9chelle.<\/p>\n
Dans cette perspective il s\u2019est associ\u00e9 \u00e0 Plan\u00e8te Verte <\/strong>(http:\/\/www.planete-verte.fr),<\/em> association \u0153uvrant au Mali pour la reforestation et l\u2019am\u00e9nagement agricole sur une grande \u00e9chelle. L\u2019association Plan\u00e8te Verte a engag\u00e9 un programme de reforestation et de\u00a0 mise en place de fermes familiales\u00a0 dans le territoire de Mopti<\/strong> au Mali, occup\u00e9 par 80\u00a0000 habitants. Ce programme pr\u00e9vu sur 5 ans, vise la plantation de\u00a0 plusieurs millions d\u2019arbres, la mise en place de 2000\u00a0 fermes familiales, une agriculture rotative au pied des arbres, sur les \u00be de la r\u00e9gion concern\u00e9e. Abdulai Danso souhaite \u00e9tendre ses activit\u00e9s \u00e0 l\u2019international et en France, en soutenant notamment l\u2019association Fare.<\/p>\n
\u00a0 Christine Bala\u00ef introduit la rencontre et la th\u00e9matique de l\u2019apr\u00e8s-midi autour de deux approches, la ville inclusive et les tiers lieux, tout en pr\u00e9sentant le projet Tiers Lieu Nomade.<\/em><\/strong><\/p>\n La ville inclusive<\/strong><\/p>\n Face aux probl\u00e8mes auxquels sont confront\u00e9es les villes en France et dans le monde\u00a0: concentration de la population dans les villes, croissance des in\u00e9galit\u00e9s et de la pauvret\u00e9, enjeux environnementaux, tensions li\u00e9es aux migrations, la ville est confront\u00e9e \u00e0 de nouveaux d\u00e9fis. La notion de ville inclusive entre dans l\u2019agenda des politiques publiques urbaines. Voir le colloque international r\u00e9cent organis\u00e9 par la mairie de Paris \u00ab\u00a0Cities for life\u00a0\u00bb et l\u2019appel lanc\u00e9 par la Ville pour une ville inclusive.<\/p>\n Qu\u2019est-ce que pourrait signifier une ville inclusive\u00a0?<\/strong><\/p>\n Les Tiers Lieux<\/strong><\/p>\n Comment les tiers lieux peuvent contribuer \u00e0 un d\u00e9veloppement solidaire des villes\u00a0?<\/strong><\/p>\n Les tiers lieux, en facilitant la rencontre, le partage, l\u2019innovation, en mutualisant des ressources, et en prenant davantage en compte l\u2019humain et le contexte environnemental, offrent des espaces pertinents de solidarit\u00e9, de cr\u00e9ation de valeur et de d\u00e9veloppement local. <\/strong><\/p>\n \u00ab Introduit en 1989 par le sociologue Am\u00e9ricain Ray Oldenburg pour d\u00e9signer de nouveaux lieux, interm\u00e9diaires entre le domicile et le travail et adapt\u00e9s \u00e0 un style de vie urbain, individualis\u00e9 et mobile, la notion de tiers lieu s\u2019est d\u00e9velopp\u00e9e dans le monde entier. Tiers-lieux.be le d\u00e9finit simplement comme un \u00ab espace physique pr\u00e9vu pour accueillir une communaut\u00e9 afin de permettre \u00e0 celle-ci de partager librement ressources, comp\u00e9tences et savoirs \u00bb. Espace de coworking, fablab, Hackerspace, jardins partag\u00e9s et autres habitats partag\u00e9s ou entreprise ouverte, chaque tiers lieu a sa sp\u00e9cificit\u00e9, son fonctionnement, mais tous entendent favoriser la cr\u00e9ativit\u00e9, l\u2019initiative et le partage.<\/em><\/p>\n Christine Bala\u00ef r\u00e9fl\u00e9chit \u00e0 la notion de Tiers Lieu depuis 10 ans, d\u2019abord en mati\u00e8re familiale, avec la notion de \u00ab\u00a0Maison des familles et des cultures\u00a0\u00bb, reprise par une chercheuse italienne dans un ouvrage publi\u00e9 \u00e0 l\u2019Harmattan, ensuite au CNAM, dans le cadre d\u2019une \u00e9tude sur \u00ab\u00a0les pratiques culturelles \u00e0 Paris 2030\u00a0\u00bb. A cette occasion, elle a \u00e9crit un article sur les Tiers Lieux, qui a circul\u00e9 sur internet et reste encore d\u2019actualit\u00e9 aujourd\u2019hui. Depuis, elle a observ\u00e9 et exp\u00e9riment\u00e9 diff\u00e9rents types de Tiers Lieux : un Tiers Lieu P\u00f4le Relais \u00e0 Creil en lien avec un IUT(qui n\u2019a finalement pas vu le jour), un lieu alternatif et d\u2019h\u00e9bergement d\u2019urgence localis\u00e9 dans un squat \u00e0 Clichy-la-Garenne (aujourd\u2019hui ferm\u00e9), un fablab de Montreuil, des espaces de coworking ou incubateur \u00e0 Paris\u2026<\/p>\n Aujourd\u2019hui, l\u2019association Le Famillien, dont elle est pr\u00e9sidente, engage avec l\u2019association \u00e9v\u00e9nementielle et artistique Eventiparis, port\u00e9s par Hubert Locco Rocca et Patricia Petelet, le projet Tiers Lieu Nomade. Celui-ci vise \u00e0 cr\u00e9er des \u00e9v\u00e8nements mensuels dans diff\u00e9rents lieux, sur des th\u00e9matiques diff\u00e9rentes, mais incluant des pr\u00e9occupations sociales. Plus que de simples \u00e9v\u00e8nements \u2013 qui se pr\u00e9sentent sous forme de r\u00e9flexions, ateliers, avec une dimension artistique et conviviale \u2013 les \u00e9v\u00e8nements Tiers Lieu Nomades s\u2019inspirent de la dynamique des tiers lieux. Ils entendent mobiliser des acteurs, favoriser \u00a0une d\u00e9marche collaborative et de recherche-action pour susciter des dynamiques de changement dans la dur\u00e9e.<\/p>\n Hugues Bazin du LISRA, et Nacera Taleb de Formateurs Solidaires, approfondissent chacun leur tour la r\u00e9flexion, enrichissant ainsi le d\u00e9bat men\u00e9 avec les participants.<\/em><\/strong><\/p>\n Hugues Bazin, chercheur-acteur, responsable du Laboratoire de recherche action, LISRA<\/strong><\/p>\n La recherche Action met le savoir au service d\u2019une d\u00e9marche citoyenne.<\/p>\n Hugues Bazin souligne qu\u2019en recherche action, plut\u00f4t que de tiers lieu, on parlera davantage de tiers espace, de laboratoire social, qui ne sont pas obligatoirement li\u00e9s \u00a0\u00e0 un lieu mais peuvent \u00eatre\u00a0 localis\u00e9s n\u2019importe o\u00f9. \u00a0Beaucoup de lieux ne se disent pas tiers lieux, n\u2019ont pas envie de l\u2019\u00eatre, m\u00eame si le sont. Et inversement, ce n\u2019est pas parce qu\u2019on investit un espace qu\u2019on change ses habitudes. La recherche-action permet de changer ses habitudes.<\/p>\n Hugues Bazin<\/strong> accompagne le collectif \u00ab\u00a0Rue Marchande\u00a0\u00bb qui r\u00e9unit les r\u00e9cup\u00e9rateurs-vendeurs, biffins, dans une d\u00e9marche de recherche-action.<\/p>\n On assiste \u00e0 une explosion des r\u00e9cup\u00e9rateurs vendeurs, avec le d\u00e9veloppement de march\u00e9s localis\u00e9s \u00a0dans les principales art\u00e8res accol\u00e9s aux march\u00e9s populaires. Sur un march\u00e9 biffin, 36 langues se c\u00f4toient, mais les gens se comprennent. Un \u00e9cosyst\u00e8me fonctionne, mais on ne sait pas comment il fonctionne. La situation se cr\u00e9e d\u2019elle-m\u00eame. Une logique collective et d\u2019\u00e9co-d\u00e9veloppement est \u00e0 l\u2019oeuvre. Ces march\u00e9s biffins sont des tiers lieux. Le collectif Rues Marchandes travaille aussi avec des camps de Roms. Les Roms soufrent une double peine (li\u00e9e \u00e0 leur statut de pauvre et de rom), alors qu\u2019ils ne cherchent qu\u2019\u00e0 s\u2019int\u00e9grer.<\/p>\n Il n\u2019existe pas d\u2019\u00e9tude d\u2019impact aujourd\u2019hui concernant le fonctionnement de ces march\u00e9s. Mais les march\u00e9s biffins sont devenus un terrain d\u2019investigation, les \u00e9conomistes y am\u00e8nent leurs comp\u00e9tences. Qu\u2019est-ce que pourrait \u00eatre une rue marchande\u00a0? Une nouvelle \u00e9conomie populaire\u00a0? On ne sait pas la traiter alors qu\u2019elle a toujours exist\u00e9. Comment articuler une \u00e9conomie populaire et une \u00e9conomie locale\u00a0? Les villes ne sont pas pr\u00eates \u00e0 accueillir des rues marchandes. Elles ont peur de voir arriver des pauvres chez eux. Comment la ville peut \u00eatre un \u00e9cosyst\u00e8me, comment ce c\u00f4t\u00e9 marchand peut r\u00e9int\u00e9grer les quartiers dans la ville\u00a0?<\/p>\n Les foyers Aurore et l\u2019association des biffins AMELIOR (Association des March\u00e9s Economiques Locaux Individuels et Organis\u00e9s de la R\u00e9cup\u00e9ration) ont cr\u00e9\u00e9 un march\u00e9 solidaire, une fa\u00e7on de r\u00e9int\u00e9grer les biffins et de montrer que cela fonctionne. En parall\u00e8le, un travail est r\u00e9alis\u00e9 avec des artistes, qui contribuent \u00e0 rendre visible et \u00e0 produire de la connaissance sur ces processus. Il s\u2019agit de montrer que c\u2019est de l\u2019entreprenariat.<\/p>\n Mathieu Morange, groupe La Poste<\/strong>\u00a0: la loi sur l\u2019ESS permet de r\u00e9int\u00e9grer des march\u00e9s \u00e9conomiques \u00e9mergents. Une SCOP pourrait peut-\u00eatre investir dans ce domaine.<\/p>\n Hugues Bazin<\/strong>\u00a0: ce n\u2019est pas parce qu\u2019il existe une loi qu\u2019il y a une volont\u00e9 politique. Le collectif rue Marchande a interpell\u00e9 la Plaine commune. Les biffins interviennent \u00e0 la jonction de l\u2019\u00e9conomique, de l\u2019urbain et du social, mais il n\u2019existe pas d\u2019espace reconnu pour les biffins. Comment cr\u00e9er un espace pour que ces march\u00e9s puissent \u00eatre r\u00e9int\u00e9gr\u00e9s\u00a0? Comment articuler \u00e9conomie formelle et informelle, comment faire pour que ces march\u00e9s soient reconnus ? C\u2019est aussi une mani\u00e8re d\u2019accompagner les nouveaux migrants, de travailler avec les Roms. Tout le monde n\u2019a pas besoin d\u2019un statut. Certains n\u2019ont pas envie d\u2019\u00eatre salari\u00e9s, ce sont plut\u00f4t des entrepreneurs individuels.<\/p>\n Nacera\u00a0Taleb, \u00e9conomiste, fondatrice de l\u2019association Formateurs Solidaires<\/strong><\/p>\n A travers tout ce qui a \u00e9t\u00e9 dit, on trouve de nouveaux paradigmes \u00e0 l\u2019\u0153uvre. L\u2019esprit collaboratif appartient \u00e0 un paradigme r\u00e9cent correspondant \u00e0 une r\u00e9volution des m\u0153urs, scientifique et culturelle. Nacera Taleb retient 5 paradigmes \u00e0 l\u2019\u0153uvre\u00a0aujourd\u2019hui\u00a0:<\/p>\n 1) Le lien<\/strong>\u00a0: premier paradigme commun \u00e0 toutes ces \u00e9volutions. Un d\u00e9nominateur commun se retrouve qui concerne la\u00a0 nature du lien, que ce soit avec les objets, avec soi, avec le syst\u00e8me.<\/p>\n 2) La segmentation.<\/strong> \u00a0La segmentation traditionnelle est aujourd\u2019hui questionn\u00e9e\u00a0: segmentation des relations, des savoirs, des espaces\u2026. \u00a0Les espaces familiaux, li\u00e9s au travail, ne sont plus suffisants. Repensons des espaces permettant de nouvelles formes de liens. La notion de tiers lieu se situe dans cette interrogation.<\/p>\n 3) Id\u00e9e de sens.<\/strong> Le point commun \u00e0 toutes ces innovations, c\u2019est qu\u2019elles interrogent le sens de nos actions. Avant la morale portait la qu\u00eate de sens. Aujourd\u2019hui on parle davantage d\u2019\u00e9thique, de valeur.<\/p>\n 4) Le pouvoir d\u2019agir.<\/strong> L\u2019ensemble de ces initiatives expriment la volont\u00e9 de se r\u00e9approprier le pouvoir d\u2019agir et de s\u2019approprier son destin.<\/p>\n 5) L\u2019innovation<\/strong>. C\u2019est aussi un point commun \u00e0 l\u2019ensemble de ces initiatives qui offrent de v\u00e9ritables opportunit\u00e9s historiques. Ce\u00a0 sont ces espaces qui vont cr\u00e9er l\u2019\u00e9conomie du futur.<\/p>\n Toutes ces innovations interrogent, parce qu\u2019elles sont les solutions de demain, mais elles inqui\u00e8tent en m\u00eame temps. Il est important de prendre conscience que des choses finissent et que d\u2019autres naissent. L\u2019enjeu est de savoir comment traiter ces r\u00e9sistances de fa\u00e7on collaborative.<\/p>\n Quelles perspectives\u00a0aujourd\u2019hui\u00a0?<\/strong><\/p>\n Le d\u00e9veloppement personnel est \u00e0 la mode aujourd\u2019hui. Mais il faut aller plus loin que le d\u00e9veloppement personnel et \u00e9voquer une relation aux savoirs, \u00a0Les \u00e9mergences \u00e9conomiques sont le reflet d\u2019une r\u00e9volution \u00e9conomique mondiale. Leur origine\u00a0: la r\u00e9volution scientifique. L\u2019\u00e9conomie alternative est une facette de cette \u00e9volution de paradigme global, li\u00e9e \u00e0 une r\u00e9volution scientifique, qui se passe en douceur. Quelque chose se passe en profondeur, au-del\u00e0 des bouleversements actuels.<\/p>\n Il s\u2019agit d\u2019une perspective historique commenc\u00e9e dans le temps de l\u2019humanit\u00e9, il y a 30 ans. Pour le comprendre il faut partir des mod\u00e8les \u00e9conomiques. Trois principes fondamentaux qui sous-tendent les mod\u00e8les \u00e9conomiques lib\u00e9raux sont remis en cause\u00a0aujourd\u2019hui :<\/p>\n Ces principes sont faux d\u2019un point de vue scientifique. La somme des particules ne permet pas de comprendre la nature du tout. De m\u00eame la soci\u00e9t\u00e9 n\u2019est pas la somme des particularit\u00e9s. Les besoins humains sont plus larges\u00a0: \u00e9motionnels, spirituels\u2026 L\u2019homme est un tout fait de plusieurs parties. Il faut\u00a0 reconna\u00eetre ces diff\u00e9rents besoins, faire collaborer ces diff\u00e9rentes parties. L\u2019important\u00a0ce sont les relations entres les parties, la fa\u00e7on dont on construit ces relations.<\/p>\n Autre notion fondamentale\u00a0le changement\u00a0: la nature est en perp\u00e9tuel changement. Le changement est toujours en cours. Les choses ne sont jamais fig\u00e9es. On peut choisir le changement.<\/p>\n Mathieu Morange, groupe La Poste<\/strong> : retient la notion de transversalit\u00e9 comme facteur d\u2019une \u00e9mergence collective. La r\u00e9volution douce lui para\u00eet une r\u00e9alit\u00e9 qui appara\u00eet dans l\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire. L\u2019ESS repose sur \u00a0une volont\u00e9 de cocr\u00e9er. On retrouve cette volont\u00e9 de collaboration entre des acteurs diff\u00e9rents dans des lieux d\u2019occupation temporaire comme Les Gransds Voisins, ou dans des incubateurs sociaux comme BeeOtop, qui permettent de faire \u00e9merger de l\u2019innovation.<\/p>\n Danielle\u00a0Pailler, <\/strong>qui est engag\u00e9e dans des projets \u00e9conomiques et culturels au Maroc s\u2019appuyant sur une d\u00e9marche de recherche-action rebondit sur la question de la mise en relation. Comment favorise-t-on la mise en lien entre diff\u00e9rentes ressources\u00a0? Comment cr\u00e9e-t-on des synergies autour d\u2019objectifs partag\u00e9s\u00a0? C\u2019est lorsqu\u2019il existe un sens partag\u00e9 que des collaborations peuvent na\u00eetre, associant des citoyens dans la dur\u00e9e. On peut cr\u00e9er un espace de connaissances partag\u00e9es autour de probl\u00e9matiques, de choses qui ne fonctionnent pas. Sans m\u00eame des financements, on peut apporter ainsi beaucoup d\u2019efficacit\u00e9 \u00e0 l\u2019action qui en d\u00e9coule.<\/p>\n Hugues Bazin<\/strong>: la violence intervient quand il n\u2019y a plus de sens\u00a0; le conflit est positif car il permet de d\u00e9gager du sens. Comment mettre en \u0153uvre, articuler des contre-pouvoirs dans le processus de transformation\u00a0? A partir de contre-espaces de type Notre-dame-des-Landes, s\u2019exp\u00e9rimente une autre \u00e9conomie, ces zones conflictuelles oeuvrent dans le sens d\u2019un changement \u00e9conomique. La logique productiviste n\u2019est pas tr\u00e8s d\u00e9mocratique. Les lieux d\u2019accueil pour les startups comme Remix ne sont pas connect\u00e9s avec les probl\u00e9matiques territoriales, on reste dans l\u2019entre-soi, et les startups sont souvent r\u00e9cup\u00e9r\u00e9es.<\/p>\n Nac\u00e9ra Taleb\u00a0:<\/strong> On est dans une r\u00e9volution douce\u00a0: de nouveaux paradigmes sont l\u00e0. Mais on ne sait pas encore quelle forme prendra le changement. Les Tiers lieux sont un espace o\u00f9 l\u2019expression peut se croiser.<\/p>\n Les pr\u00e9sentations s\u2019encha\u00eenent jusqu\u2019\u00e0 l\u2019heure du repas au fur et \u00e0 mesure de l\u2019arriv\u00e9e de nouveaux intervenants.<\/em><\/strong><\/p>\n J\u00e9r\u00f4me Lhote, Fondateur de Koom pr\u00e9sente le d\u00e9fi de l\u2019entreprise en faveur de la mobilit\u00e9 engag\u00e9 sur Clichy-la-Garenne en pr\u00e9sence de l\u2019\u00e9lu ESS de la ville Julien Bouchet.<\/strong><\/p>\n Koom est une plateforme de crowdacting, \u00e0 savoir d\u2019action collective, qui a pour but de mobiliser des personnes sur une action solidaire de proximit\u00e9. Cette mobilisation d\u00e9clenche en retour la contribution d\u2019une ville ou d\u2019une entreprise au service de cette action. Koom a \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9 en vue de casser la spirale du fatalisme et de renforcer la confiance des gens dans leur capacit\u00e9 d\u2019agir pour faire face \u00e0 un certain nombre d\u2019enjeux de soci\u00e9t\u00e9.\u00a0 L\u2019entreprise est h\u00e9berg\u00e9e dans l\u2019incubateur social de Clichy-la Garenne et fait partie du Mouv, le Mouvement des entrepreneurs sociaux.<\/p>\n J\u00e9r\u00f4me Lhote pr\u00e9sente la campagne de mobilisation de Koom autour de la mobilit\u00e9 sur Clichy-La-Garenne. Celle-ci vise \u00e0 mobiliser 200 habitants pour qu\u2019ils se d\u00e9placent en v\u00e9lo, une campagne qui, men\u00e9e \u00e0 terme, devait entra\u00eener le versement par la ville de 500 euros \u00e0 l\u2019association de r\u00e9paration de cycles, Solicyle.\u00a0 Ce soir l\u00e0, 147 personnes \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 mobilis\u00e9es sur les 200 attendues. Koom \u00e9voque aussi la possibilit\u00e9 de lancer un nouveau d\u00e9fi aupr\u00e8s d\u2019une autre Mairie ou d\u2019une entreprise comme D\u00e9catlon ou Go Sport. Dans le cadre d\u2019un partenariat avec ENDF, elle fait du porte-\u00e0-porte pour que les gens s\u2019engagent sur l\u2019\u00e9nergie nouvelle en Ile-de-France.<\/p>\n Tony Kopera, Pr\u00e9sident de FARE : la \u00ab\u00a0F\u00e9der\u2019Action des R\u00eaves \u00c9volutionnaires\u00a0\u00bb, pr\u00e9sente l\u2019activit\u00e9 et les projets en faveur des plus d\u00e9munis.<\/strong><\/p>\n Beaucoup d\u2019entre nous connaissent d\u00e9j\u00e0 Tony, r\u00eaveur et activiste militant, pratiquant l\u2019h\u00e9bergement d\u2019urgence dans des lieux de fortune pour les plus d\u00e9munis, avec qui il n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 partager le toit et la nourriture qu\u2019il r\u00e9cup\u00e8re et redistribue \u00e0 des SDF, r\u00e9fugi\u00e9s et familles. Tony invente aussi des concepts\u00a0de nouveaux lieux alternatifs\u00a0: Maisons des alternatives et du partage (MAP), H\u00e9bergement Alternatif d\u2019Urgence (HAU), Centre \u00c9cologique Participatif (CEP)\u2026 et f\u00e9d\u00e8re autour de lui \u00e9nergie et bonnes volont\u00e9s. Si Tony a du confronter ses r\u00eaves de changement \u00e0 la dure r\u00e9alit\u00e9 (pr\u00e9carit\u00e9 des squats, difficult\u00e9 de travailler avec des personnes en grande difficult\u00e9, manque de r\u00e9alisme gestionnaire\u2026), notre \u00ab\u00a0Abb\u00e9 Pierre\u00a0\u00bb pers\u00e9v\u00e8re envers et contre tout, afin de faire d\u00e9boucher ses projets g\u00e9n\u00e9reux.<\/p>\n Apr\u00e8s des activit\u00e9s principalement consacr\u00e9es \u00e0 l\u2019h\u00e9bergement d\u2019urgence en 2016, la r\u00e9cup\u00e9ration de nourriture et des activit\u00e9s artistiques et \u00e9v\u00e9nementielles, l\u2019association FARE s\u2019efforce de passer un cap. Avec notamment de nouveaux membres qui entrent dans l\u2019association, des activit\u00e9s de r\u00e9quisition de locaux qui vont \u00eatre s\u00e9par\u00e9es des autres activit\u00e9s de l\u2019association, un projet communautaire plus structur\u00e9 sur Saint-Denis, le soutien d\u2019actions \u00e0 l\u2019international\u2026<\/p>\n Des projets \u00e0 l\u2019international pr\u00e9sent\u00e9s par Abdula\u00ef Danso, groupe Danso, et Nestor GOMA, ONG Horizon <\/strong><\/p>\n Comment r\u00e9pondre au r\u00e9chauffement climatique et \u00e0 l\u2019exode massif des populations, en mettant en \u0153uvre des solutions locales, s\u2019appuyant sur les nouvelles technologies, et notamment de nouvelles g\u00e9n\u00e9rations de satellites num\u00e9riques, pour trouver de nouvelles voies de d\u00e9veloppement, plus respectueuses de l\u2019humain et des valeurs de la vie sur la terre. Telle est l\u2019ambition d\u2019Abdula\u00ef Danso, inventeur afro-am\u00e9ricain, \u00e0 travers ses inventions brevet\u00e9es en France et aux USA, notamment le programme RETT, R\u00e9seau Espace pour le Temps de Travail, syst\u00e8me r\u00e9gional de relocalisation de l\u2019\u00e9conomie et de cr\u00e9ation d\u2019emplois durables, ou encore le programme Space Territory, BFM association\u00a0: Business Plan BFR, d\u2019autofinancement durable pour les associations.<\/p>\n Il part notamment du constat suivant\u00a0: il y a un si\u00e8cle, 90 % de la population mondiale occupait un statut d\u2019entrepreneur ind\u00e9pendant. Seulement 10 % de la population travaillait pour d\u2019autres organismes (entreprises ou administrations). Cent ans plus tard, la tendance s\u2019est invers\u00e9e, 90 % de la population active travaille pour un tiers et seulement 10 % sont des op\u00e9rateurs \u00e9conomiques autonomes travaillant sur leur terre d\u2019origine. Abdulai Danso entend inverser cette tendance et l\u2019exode massif de la population en appuyant strat\u00e9giquement et financi\u00e8rement des programmes de d\u00e9veloppement rural et d\u2019emploi durable \u00e0 grande \u00e9chelle.<\/p>\n Dans cette perspective il s\u2019est associ\u00e9 \u00e0 Plan\u00e8te Verte <\/strong>(http:\/\/www.planete-verte.fr),<\/em> association \u0153uvrant au Mali pour la reforestation et l\u2019am\u00e9nagement agricole sur une grande \u00e9chelle. L\u2019association Plan\u00e8te Verte a engag\u00e9 un programme de reforestation et de\u00a0 mise en place de fermes familiales\u00a0 dans le territoire de Mopti<\/strong> au Mali, occup\u00e9 par 80\u00a0000 habitants. Ce programme pr\u00e9vu sur 5 ans, vise la plantation de\u00a0 plusieurs millions d\u2019arbres, la mise en place de 2000\u00a0 fermes familiales, une agriculture rotative au pied des arbres, sur les \u00be de la r\u00e9gion concern\u00e9e. Abdulai Danso souhaite \u00e9tendre ses activit\u00e9s \u00e0 l\u2019international et en France, en soutenant notamment l\u2019association Fare.<\/p>\n<\/em><\/strong><\/p>\n\n
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